Comment trouver ses marques dans un monde VUCA ?

VUCA signifie un monde en pleine transformation. Cependant, il est simple de trouver une solution en associant travail d’équipe, innovation, diversité et surtout flexibilité et curiosité pour les nouveautés. Un article sur ce à quoi les employés doivent prêter attention dans un monde VUCA.

Auteur / Autrice Roger Basler
Date 02.08.2018
Temps de lecture 17 Minutes

Connaissez-vous l’acronyme VUCA ? VUCA est formé des initiales des mots “volatility” (volatilité), “uncertainty” (incertitude), “complexity” (complexité, diversité) et “ambiguity” (ambiguïté).

Le nouveau monde VUCA prédominant aujourd’hui est un monde dans lequel la sécurité n’est plus garantie et dans lequel on doit se renouveler en permanence pour rester pertinent. La flexibilité et la recherche de solutions conséquente doivent être appliquées en permanence. Une description de poste rigide n’est plus à l’ordre du jour et les équipes et les entreprises doivent se développer jour après jour. La question qui se pose est de savoir quel rôle les managers peuvent endosser et comment les équipes peuvent être motivées pour être aussi performantes qu’avant. Cela signifie que dans l’environnement numérique actuel dans lequel nous vivons, le chaos est de plus en plus prédominant et tout est de moins en moins planifiable et prévisible.

Comment peut-on et doit-on donc aborder ce chaos et comment peut-on développer des solutions numériques pérennes ?

Le monde VUCA est un monde rempli d’incertitude. Dans le monde actuel prédominé par Internet – avec de plus en plus d’automatisation et d’intelligence artificielle – de nouveaux problèmes ne cessent d’émerger. Des solutions qui étaient efficaces il y a encore quelques années ne sont aujourd’hui plus valables. Il faut sans cesse trouver de nouvelles idées pour rester pertinent et contrer l’incertitude.

La volatilité se caractérise par la vitesse à laquelle les marchés et les situations peuvent changer. Quand il y a des changements, ceux-ci s’opèrent en l’espace de quelques années seulement – souvent même en quelques mois seulement – et non plus sur plusieurs années ou décennies. Avec l’arrivée de l’Internet interactif (Web 3.0) et l’intelligence artificielle, le monde numérique change de plus en plus vite. Internet et le réseau mondial grossit de manière exponentielle. Chaque année, les ordinateurs gagnent le double en performance. Internet connecte chaque objet et chaque aspect de l’existence humaine. Cela fait longtemps que le monde dans lequel nous vivons ne peut plus simplement être appréhendé et contrôlé par l’esprit humain et l’intelligence humaine. Nous vivons dans un monde numérique, automatisé et chaotique.

Cela a l’air très dystopique, mais ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas possible d’avoir du succès dans ce monde. Il suffit juste de changer de perspective. Le monde VUCA nécessite de nouvelles approches, de nouvelles idées et surtout de la flexibilité.

La transformation digitale – comment a-t-elle commencé ?

La transformation digitale a commencé à la fin des années 80 et des années 90 avec l’arrivée d’Internet. À l’époque, un réseau né d’une nécessité scientifique s’est développé dans le but de servir à la communication et la propagation de connaissances. Depuis, le monde a complètement changé.

Cela fait longtemps qu’Internet et nos médias digitaux ne servent plus seulement à propager des informations et des connaissances. Au contraire, Internet est devenu un réseau intelligent, capable de diriger, d’orienter et même de planifier indépendamment certains processus. L’intelligence artificielle (IA) nous a permis de réaliser une mondialisation parfaite, dans laquelle chaque recoin et chaque détail de notre monde est représenté en ligne.

Cette transformation digitale n’est pas encore achevée. Le processus de changement, dont les effets particuliers sont visibles surtout dans le monde des affaires et dans la science, concerne toutes les branches et toutes les niches. Ce processus est comparable à une pierre qui tombe dans l’eau : Chaque vague déclenche une autre vague plus large et ainsi de suite jusqu’à ce que tout l’étang soit en mouvement. Chaque innovation technique en amène une autre. On ne prévoit pas de saturation et une fin de cette transformation – si tant est qu’elle ait une fin – est controversée.

Il s’agit de digitaliser tout processus susceptible d’être digitalisé. Et d’automatiser tout processus susceptible d’être automatisé. Toute action pouvant être prise en charge par l’intelligence artificielle sera prise en charge par celle-ci. Jusqu’où cela ira-t-il ? Rien n’est moins clair.

Puisque ce monde numérique est donc une image de notre propre et “véritable” monde, il est clair et naturel que ce monde numérique va devenir ou est déjà devenu un monde VUCA. Les problèmes digitaux évoluent même souvent encore plus rapidement et sont souvent plus complexes que leurs équivalents dans le vrai monde, car souvent, beaucoup plus de facteurs jouent un rôle en ligne et il faut considérer le contexte mondial.

Créer le chaos dans un monde digital

Comme le battement d’ailes d’un papillon au sens propre du terme, une action réalisée en ligne peut entraîner une avalanche de conséquences. Par exemple, on ne sait toujours pas exactement quelle dynamique se cache derrière un post viral sur les réseaux sociaux et comment certains contenus arrivent à se répandre de manière organique aussi largement, pendant que d’autres contenus, qui ont l’air de correspondre aux mêmes paramètres, disparaissent complètement dans le flux des informations. Certes, de plus en plus de scientifiques et de sociologues examinent cette dynamique ; cependant, on ne peut toujours pas montrer clairement comment les réseaux sociaux d’Internet réagissent à certains contenus.

Pour citer Eric Schmidt, un homme d’affaires américain :

Internet est l’expérience d’anarchie la plus grande jamais vécue.

C’est justement cette anarchie, cette démocratie parfaite, la philosophie que chaque être humain peut disposer des mêmes possibilités – du moins en théorie – d’exprimer sa propre opinion, qui entraîne naturellement le chaos. Imaginons une pièce dans laquelle se tiennent une centaine de personnes en train de parler – sans modération ou retenue. Eh bien, Internet et les réseaux sociaux, c’est exactement la même chose – mais avec 7 milliards d’êtres humains.

On peut appréhender ce chaos avec des solutions numériques, tout comme avec des solutions humaines. On peut ne pas se laisser dominer par Internet en consommant de manière sélective que ce que l’on veut consommer. Les utilisateurs peuvent se créer leur propre monde digital, qui représente leur vision du monde. Ceci entraîne quelques problèmes, mais le chaos d’une scène complètement ouverte sur laquelle chacun joue sa propre pièce reste ainsi contenu.

Comment appréhender ce chaos dans le monde des affaires ? Réponse : par les réseaux sociaux. Quand des réseaux et des communautés de confiance se forment, la communication peut être simplifiée et aller droit au but.

Lutter contre la volatilité et le chaos avec des solutions digitales

Quand le chaos se déclare et que l’environnement devient volatil, nous avons recours à des solutions bien connues, que nous utilisons depuis longtemps dans le monde des affaires : Restructuration, replanification, modification du concept commercial ou développement d’un nouveau concept. Mais quand la volatilité se déclare dans un milieu sur lequel on n’a aucun contrôle, cela devient un peu plus problématique : Comment trouver une solution numérique aux problèmes numériques ? Réponse : grâce à la curiosité et à l’innovation.

Dans le monde des affaires actuel, il est fortement déconseillé d’appliquer une solution ou un processus sur le long terme sans jamais y apporter de modifications, pour la bonne raison que le reste du monde subit des modifications perpétuelles. Dans le monde numérique, tout est en perpétuel changement – du concept commercial à la chaîne de production. Les solutions à ces défis doivent donc évoluer constamment.

Il est important de contrôler les processus au moins une fois par an, voire une fois par trimestre, pour être sûr qu’ils soient à jour.

Les problèmes doivent être anticipés.

Pour cela, des logiciels peuvent être extrêmement utiles. Pouvoir développer de bonnes solutions logicielles, stables, flexibles et surtout modifiables, est un véritable atout. Le point le plus important est qu’il doit être facile d’intégrer de nouvelles applications ou d’emprunter de nouvelles voies. Le développement ne doit en aucun cas stagner.

La diversité dans les équipes est un point également important. Quand une équipe est composée de collaborateurs aux parcours professionnels variés, il est plus facile de mettre des solutions au point, car on ne prend pas toujours le même chemin.

Une organisation ne peut fonctionner que si elle dispose d’un réseau structuré et bien développé. Quand le monde VUCA numérique devient chaotique ou imprévisible, la structure interne de l’entreprise doit pouvoir faire face. Ici aussi, on peut créer des solutions numériques, par exemple en gérant l’administration ou les ressources humaines en ligne, permettant ainsi une définition précise des fonctions et des postes, accessible à tous les collaborateurs.

Les solutions numériques peuvent lutter efficacement contre le chaos numérique pourvu que les personnes soient prêtes à y travailler de manière continue.

Résultats digitaux dans les processus humainement complexes

L’intelligence artificielle occupe là une place de plus en plus importante. L’IA gère aujourd’hui une grande parties des processus généraux dans les grandes entreprises. Même les films ne peuvent aujourd’hui plus être réalisés sans IA – la CGI (computer generated imagery) de la plupart des blockbusters se fait par intelligence artificielle. On voit bien qu’il n’y a pratiquement aucun aspect de la vie d’aujourd’hui qui n’est pas contrôlé ou du moins effleuré par l’intelligence artificielle et les processus complexes et compliqués qui vont avec.

Pour les débutants tout comme pour les spécialistes, il est difficile d’arriver à suivre ces innovations rapides et incroyables. Comment structurer une entreprise dont beaucoup de domaines d’activités risquent d’être déjà automatisés dans 5 ans ? Et comment peut-on anticiper quels sont les processus qui seront concernés ? Comment une entreprise peut-elle agir de manière orientée vers le futur quand personne ne sait ce qui arrivera dans le futur ?

Quels sont les résultats qui doivent être obtenus lors de la numérisation d’un processus ? Et comment sauvegarder l’aspect humain sans perte de bénéfices ? Sur quel cheval parier dans cette course où tous les chevaux vont bientôt galoper à la vitesse de la lumière au lieu d’aller plus lentement ?

Lors du premier atterrissage sur la Lune, il fallut calculer à la main la distance entre la Lune et la Terre avant que les astronautes puissent quitter la Lune. L’ordinateur de la navette spatiale avait alors moins de capacité qu’un smartphone actuel. Le processus humain prévalut, ce furent des hommes qui enregistrèrent les données, les calculèrent et les analysèrent. Ensuite, ce furent des hommes qui enregistrèrent les données, des ordinateurs qui les calculèrent, et ensuite à nouveau des hommes qui les analysèrent. Actuellement, nous sommes dans une phase où les données sont toujours enregistrées par les hommes, mais leur calcul et leur analyse se fait déjà de manière automatisée. Grâce à l’intelligence artificielle, on en arrive à ce qu’il n’y ait plus besoin d’input. Les machines reconnaissent automatiquement quels sont les ensembles de données nécessaires et où aller les chercher.

Internet et son intelligence progressive (Web 4.0) continuent à être au centre de cette évolution.

Vu de l’extérieur, c’est le chaos total. Dans des processus complètement automatisés, il est à peine possible de voir exactement comment les résultats sont calculés. L’automatisation nous a certes permis d’appréhender des problèmes plus complexes, mais ceci se fait aux dépens du processus humain et de l’influence humaine.

Cela ne doit pas forcément être jugé négativement : Les processus automatisés sont des solutions bonnes et stables. Cependant, dans les domaines de l’innovation et de la résolution créative de problèmes, on a toujours besoin du facteur humain et celui-ci est extrêmement important. On parle de résolution de problèmes car il s’agit de détecter des problèmes de manière proactive, avant même qu’ils n’apparaissent, afin d’avoir déjà des solutions potentielles en réserve. C’est cela, la nouvelle tâche dans le monde VUCA digital : une curiosité proactive et la recherche de bugs potentiels dans le système. C’est ainsi que l’on peut arracher une victoire au chaos et à l’incertitude.

Contrer l’ambiguïté avec la communication digitale

Dans tous les processus qui fonctionnent en parallèle et qui doivent remplir automatiquement une multitude de tâches différentes, il y a toujours des malentendus qui apparaissent. Ceux-ci peuvent découler de problèmes artificiels (un logiciel n’exécute pas ce qu’il faut et fournit des résultats erronés) ou de fautes humaines (une communication ambiguë mal interprétée). Le problème est que dans le monde VUCA, plus rien n’est défini de manière claire et précise. Des faits alternatifs sont un jeu de mots politique, qui peut cependant avoir des implications véritables et profondes dans le monde des affaires.

C’est grâce à la communication qu’on évite et lutte au mieux contre cette ambiguïté. Ici aussi, des solutions numériques peuvent être utiles. Un logiciel doit être programmé avec des paramètres définis de manière précise. La communication interhumaine doit souvent se faire par différents moyens. Il est souvent mieux de communiquer par vidéo afin de pouvoir juger le langage corporel et le comportement de son interlocuteur. Les réseaux sociaux et les protocoles peuvent transmettre une communication erronée car, dans la plupart des cas, les intentions peuvent être mal comprises. Pour éviter ceci, les entreprises doivent veiller à ne pas perdre de vue les relations humaines et directes, même si celles-ci se passent dans le monde numérique. Les interfaces entre cultures, philosophies de vie et même opinions politiques vont amener de plus en plus de conflits. Mais de ces conflits peuvent émerger et émergeront toujours des innovations et des nouvelles approches. Cela signifie que la recherche de problèmes sera beaucoup plus efficace si une équipe est composée de personnes aux parcours professionnels variés.

Le monde VUCA a un effet beaucoup moins chaotique et complexe s’il peut être abordé et analysé de différentes perspectives.

VUCA signifie un monde en pleine transformation. La transformation numérique change le monde encore plus rapidement. Cependant, il est simple de trouver une solution en associant travail d’équipe, innovation, diversité et surtout flexibilité et curiosité pour les nouveautés.

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Auteur / Autrice

Roger Basler

Roger Basler est économiste d'entreprise et architecte d'entreprise. Il dirige, accompagne et investit dans des start-ups actives dans les domaines des technologies de pointe, du commerce numérique et de l'entrepreneuriat social. Ses domaines de spécialisation incluent le commerce en ligne, le commerce social, le marketing digital, le retour sur investissement sur les réseaux sociaux, le marketing classique et les startups.