L’architecture technologique, qu’est-ce que c’est ?

Dans le contexte d’une architecture informatique d’entreprise, la technologie joue un rôle central. Markus Schacher explique ce que représente l’architecture technologique au niveau de l’entreprise et comment elle est développée.

Auteur / Autrice Markus Schacher
Date 18.09.2021
Temps de lecture 17 Minutes

Cet article fait partie d’une série sur le thème de l’architecture informatique d’entreprise :

Dans ce troisième article, Markus Schacher aborde le thème des technologies dans l’architecture d’entreprise.

Afin de pouvoir parler de ce qu’est – et devrait être – l’architecture technologique, nous devons tout d’abord définir le concept de « technologie ». Je voudrais ici ne pas me limiter aux technologies de l’information (IT), mais prendre le concept de technologie de manière un peu plus large :

Les technologies sont des aides créées par l’être humain pour l’aider à atteindre plus facilement ses objectifs dans son environnement.

En se basant sur cette définition plus large, on peut différencier deux catégories principales de technologies :

  • Les technologies qui travaillent et transforment les matériaux
    Par exemple les moyens de transport, les installations, les machines et les appareils utilisés dans la production de marchandise ou dans la prestation de services.
  • Les technologies qui travaillent et transforment les informations
    Par exemple les ordinateurs, le matériel de communication et de réseau et les technologies logicielles qui sont utilisés dans la prestation de performances cognitives.

Ce qui est intéressant, c’est qu’aujourd’hui, la plupart des expressions de ces deux catégories de technologie comprennent du matériel comme du logiciel :

  • Les technologies de traitement des matériaux utilisent des technologies de traitement de l’information lors de l’automatisation d’un bon nombre de fonctionnalités (contrôle des machines).
  • Les technologies de traitement de l’information nécessitent des appareils physiques pour pouvoir atteindre leurs objectifs (plateformes d’exécution).

Dans le domaine de l’industrie de transformation, on peut pousser la distinction encore plus loin :

  • On définit comme technologies de l’information (IT) les technologies virtuelles qui supportent des tâches de bureau et de gestion au sein d’une entreprise.
  • On définit comme technologies opérationnelles (OT) les technologies matérielles qui supportent les tâches de fabrication et de production au sein d’une entreprise.

Le graphique suivant illustre la séparation entre l’IT et l’OT au sein des entreprises de fabrication. Réunies, ces deux technologies réunies sont qualifiées de systèmes cyber-physiques (CPS). Une approche globale des technologies est essentielle aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne la garantie de la cybersécurité.

Source : ANSI/ISA-95 Standard

Aperçu des technologies de la transformation numérique

  • Logiciels de gestion (ERP, CRM, MES …)
  • Pilotage en temps réel (SPS, Systèmes intégrés …)
  • IA (Machine Learning, Rule Engines, NLP, Bots, Constraint Solver, RPA, …)
  • Technologies UI modernes (réalité augmentée (AR), réalité virtuelle (VR) …)
  • Communication (fibre, NFC, Bluetooth, WLAN, LTE/5G, OPC-UA …)
  • Edge Computing (mobiles, wearables, appareils intégrés …)
  • Systèmes de gestion des données (bases de données relationnelles et post-relationnelles, appareils de stockage …)
  • Conteneurs et plateformes de virtualisation (Docker, Hypervisor …)
  • Cloud (public, privé, hybrides) et plateformes d’IoT
  • DLT (Blockchain, Tangle, Smart Contracts, …)
  • Conversion analogue-digitale (Sampling, Imaging, Scanning, …)
  • Conversion digitale-analogue (installations audio et vidéo, impression 2D/3D …)
  • Technologie de sécurité (cryptage, IAM, signatures digitales …)
  • Logiciels de gestion (ERP, CRM, MES …)
  • Pilotage en temps réel (SPS, Systèmes intégrés …)
  • IA (Machine Learning, Rule Engines, NLP, Bots, Constraint Solver, RPA, …)
  • Technologies UI modernes (réalité augmentée (AR), réalité virtuelle (VR) …)
  • Communication (fibre, NFC, Bluetooth, WLAN, LTE/5G, OPC-UA …)
  • Edge Computing (mobiles, wearables, appareils intégrés …)
  • Systèmes de gestion des données (bases de données relationnelles et post-relationnelles, appareils de stockage …)
  • Conteneurs et plateformes de virtualisation (Docker, Hypervisor …)
  • Cloud (public, privé, hybrides) et plateformes d’IoT
  • DLT (Blockchain, Tangle, Smart Contracts, …)
  • Conversion analogue-digitale (Sampling, Imaging, Scanning, …)
  • Conversion digitale-analogue (installations audio et vidéo, impression 2D/3D …)
  • Technologie de sécurité (cryptage, IAM, signatures digitales …)

Les avantages d’une architecture technologique

L’architecture technologique décrit les moyens technologiques, comme les machines et les systèmes informatiques, mais aussi les données qu’une entreprise utilise pour exécuter ses opérations. En se basant sur la différenciation entre les modèles descriptifs et prescriptifs, les modèles de l’architecture technologique peuvent être utilisés par exemple pour les considérations suivantes :

Voici les considérations qui favorisent la compréhension d’une entreprise et qui soutiennent ainsi la prise de décision :

  • Quelles machines et/ou quels ordinateurs se trouvent sur le site XY ?
  • Où se trouvent nos données clients ?
  • Quelles applications accèdent aux données clients ?
  • Quelles technologies sont utilisées ?
  • Quelles données sont traitées par l’application XY ?
  • Quelles interfaces possèdent l’application XY, quelles données transitent par cette interface et où vont-elles ?
  • De quels autres microservices, le microservice XY dépend-il ?
  • Où et dans quelle zone sécuritaire se trouve l’ordinateur XY ?
  • Sur quels ordinateurs le patch XY du système d’exploitation n’est-il pas encore installé ?

Voici les considérations qui fixent des directives de comportement pour le personnel et les partenaires :

  • Quels principes s’appliquent aux logiciels autodéveloppés ?
  • Quelles technologies devraient être ou doivent être utilisées ?
  • Quelles technologies utilisées aujourd’hui devraient être remplacées en priorité ?
  • Dans quelles technologies faut-il investir en priorité et pourquoi ?
  • Quelles informations ou données peuvent être stockées à tel endroit et pas à tel endroit et dans quel but ?

C’est en particulier avec la dernière question que s’ouvre la boîte de Pandore, celle concernant la sécurité de l’information et la protection des données. En raison de l’importance que représente cette thématique, je voudrais y dédier un article entier de cette série.

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Un métamodèle pour les relations entre technologies

Quelles sont les relations qu’un architecte d’entreprise devrait alors considérer pour pouvoir répondre aux questions posées plus haut ? Dans un précédent article sur les avantages d’une architecture opérationnelle (disponible pour l’instant qu’en allemand), j’ai introduit des éléments comme les capacités et les ressources. On entend en général par ressource tous les outils qui sont nécessaires pour générer une capacité (Capability) souhaitée.

En ce qui concerne l’architecture technologique, il s’agit en premier lieu des ressources en technologies. Dans de nombreux cas, ce sont des ressources matérielles comme des appareils, des machines ou des installations entières. Les ressources humaines ainsi que les ressources consommables, comme les matériaux ou l’énergie, ne sont pas considérées ici, car ils font essentiellement l’objet des activités opérationnelles.

Cependant, pour atteindre les capacités nécessaires, ces ressources physiques demandent bien souvent du savoir-faire pour que leur utilisation soit profitable. Ce savoir-faire peut être fourni par le personnel spécialisé d’une entreprise. Au temps de la numérisation, ce savoir-faire est naturellement de plus en plus automatisé grâce à des applications logicielles. Afin que les logiciels puissent libérer leurs pleines capacités, ils doivent être exécutés sur un ordinateur – une ressource physique donc.

Les ordinateurs d’une entreprise se trouvent chacun sur un site spécifique et sont connectés entre eux par un ou plusieurs réseaux (cloud y compris) par lesquels des composants de logiciels basés sur différents ordinateurs peuvent échanger des informations via des interfaces (APIs). Finalement, certains de ces ordinateurs abritent des bases de données dans lesquelles des informations importantes d’entreprise sont stockées et mises à disposition d’autres ordinateurs via les réseaux.

Ces relations peuvent être modélisées dans le métamodèle d’architecture technologique suivant :

Source : KnowGravity

En résumé, ce métamodèle répond aux questions suivantes :

  • Quel logiciel est exploité sur quel ordinateur
  • Quelles capacités sont de ce fait réalisées
  • Quelles informations sont nécessaires et comment et avec qui sont-elles partagées ?

D’un point de vue économique, il convient de faire attention aux ressources disponibles d’une entreprise lors de l’estimation des facteurs d’influence ainsi qu’à l’élaboration de stratégies et tactiques basées sur ces estimations. Ce dernier point est illustré dans le Business Motivation Model (BMM) par le concept « Resource » (une ressource consommable) et par le concept de « Fixed Assets » (un équipement) d’une entreprise.

Les types et les instances

Dans tous les cas, en ce qui concerne les ressources, le métamodèle doit être encore davantage détaillé : un ordinateur peut en effet exploiter plusieurs composants logiciels et, inversement, un composant logiciel peut être exploité sur plusieurs ordinateurs.

Ici se pose la question de savoir ce qu’on veut effectivement désigner par « ordinateur » : est-ce un type d’ordinateur (p. ex. un HP EliteBook 850) ou une instance spécifique (p. ex. mon HP EliteBook 850) ? La même question se pose pour les logiciels : entend-on par « SAP » le type de logiciel SAP en général ou l’installation SAP dans notre entreprise qui est p. ex. installée dans un environnement test, donc une instance spécifiquement configurée ?

Dans le cas où non seulement les types de ressources sont gérés à l’échelle de l’entreprise, mais également les instances spécifiques de ces types, on tombe dans le domaine d’une Configuration Management Database (CMDB) selon ITIL. On se trouve ainsi à la limite de l’architecture d’entreprise. Trois cas de figure sont en principe possibles :

  • Seuls les types de ressources sont gérés dans l’architecture d’entreprise, c’est-à-dire que l’inventaire des instances est délégué à une CMDB (et probablement à d’autres personnes).
  • Les types et les instances de ressources sont gérés dans l’architecture d’entreprise, c’est-à-dire que le répertoire d’architecture d’entreprise reprend également la fonction de CMDB.
  • Une distinction est faite entre le matériel et le logiciel au niveau de la « grosse » entreprise (Cluster, Server, Enterprise-Software) et le matériel et logiciel au niveau des petits clients (PC, Notebook, Mobiles, logiciels installés localement) : au niveau de l’entreprise, le matériel et les logiciels sont gérés par type et instance alors que concernant le matériel et les logiciels des clients, seuls les types sont gérés (et les instances si nécessaires dans un CMDB).

Au contraire d’ITIL, TOGAF ne fait pas la différence entre les types et les instances des ressources. Il n’est pas possible de généraliser et de déterminer laquelle de ces variantes est la bonne pour une entreprise – elle dépend de chaque situation, de l’histoire de l’entreprise et souvent des réalités politiques.

Les éléments de l’architecture technologique

J’utilise le concept d’architecture technologique un peu différemment de TOGAF. TOGAF classe comme architecture technologique seulement l’infrastructure matérielle et logicielle qui est nécessaire pour exploiter l’informatique professionnelle d’une entreprise. Il s’agit d’une définition, de mon point de vue, un peu limitée : en effet, les applications, les bases de données et les machines nécessaires sont, à mon avis, également à compter comme technologies. Par conséquent, je considère les éléments d’architecture spécifiques suivants comme faisant partie intégrante de l’architecture technologique :

Architecture des applications : décrit les applications, les interfaces et les flux d’informations d’une entreprise ainsi que leurs relations avec les processus opérationnels, règles opérationnelles, les collections de données et les ordinateurs.

Architecture des données : décrit les collections de données, les entités et les flux d’informations d’une entreprise ainsi que leurs relations avec les applications, ordinateurs, processus opérationnels et règles opérationnelles. Le thème de « l’architecture des données » est d’ailleurs un socle tellement important pour l’entreprise que j’y consacrerai un article entier.

Architecture logicielle : décrit le système d’exploitation, les plateformes, les bibliothèques de programmes et les moyens de communication d’une entreprise ainsi que leurs relations avec les ordinateurs, applications et collections de données.

Architecture matérielle : décrit les ordinateurs, cluster et composants du réseau, mais aussi les zones et voies de communication entre les sites d’une entreprise ainsi que leurs relations avec les applications et les collections de données.

On trouve souvent une autre interprétation du concept d’architecture logicielle : une description de la construction d’un système logiciel concret (p. ex. une application) – ses composants, couches, modèle, etc. Afin de ne pas confondre ce dernier concept avec l’architecture logicielle, je propose d’utiliser la désignation d’anatomie logicielle. Toutefois, l’anatomie logicielle se trouve en règle générale en dehors du domaine de compétence des architectes d’entreprise.

Conclusion

Les réflexions décrites plus haut s’inscrivent dans la case trois et quatre du Model Driven Enterprise Engineering Framework et peuvent être regroupées sous la discipline « ingénierie des systèmes » :

Source : KnowGravity

Une des tâches centrales d’un architecte d’entreprise est de sélectionner les technologies adaptées à la réalisation des capacités commerciales nécessaires d’une entreprise et de les entretenir et de les développer de façon économique.

Il doit également surveiller le développement technologique et évaluer son utilité pour l’entreprise afin que cette dernière puisse s’ouvrir à de nouveaux domaines commerciaux grâce aux nouvelles capacités technologiques.

C’est à ce thème que je souhaite dédier mon prochain article.

Cet article fait partie d’une série sur le thème de l’architecture informatique d’entreprise :


Auteur / Autrice

Markus Schacher

Markus Schacher est co-fondateur et KnowBody de KnowGravity Inc., une entreprise de consulting dont le siège se trouve à Zurich (Suisse), spécialisée dans l’ingénierie basée sur les modèles. En tant que formateur depuis 1997, Markus a donné les premiers cours publics UML de Suisse et en tant que consultant, il assiste de nombreux gros projets dans l’introduction de techniques basées sur les modèles et leur utilisation pratique. Depuis 2005, il vient en aide d’entreprises dans le domaine de l’architecture d’entreprise globale ainsi que de l’harmonisation informatique/business. En coopération avec Digicomp et l’HWZ, il forme des architectes en formation CAS « IT Architecture ».