Parole d’expert : WTF are NFTs ?
Les NFTs sont bien plus que des œuvres d’art numériques vendues pour des sommes ridicules. L’expert en blockchain et formateur Digicomp, Florian Koller, explique ce qui se cache réellement derrière l’engouement pour les NFTs – à savoir la base pour de nombreuses nouvelles possibilités d’utilisation de la blockchain.
« Bitcoin is a remarkable cryptographic achievement and the ability to create something which is not duplicable in the digital world has enormous value. »
Eric Schmidt – ancien CEO de Google
Des images de singes qui changent de propriétaire pour des sommes allant jusqu’à 1,3 million de dollars pièce (Bored Apes Yacht Club). Un collage de photos numérique (Mike Winkelmann – Beeple) qui rapporte une somme record de 69 millions de dollars lors d’une mise aux enchères de la vénérable maison Christie’s. Un marché qui brasse des milliards, donc. Et le tout basé sur les NFTs. Mais que sont vraiment les NFTs ? Et pourquoi le futur des NFTs se conjugue-t-il plutôt avec d’autres domaines d’utilisation de la technologie blockchain ?
L’acronyme NFT signifie « Non Fungible Token » (en français : jeton non fongible) – et décrit en réalité ce qu’il n’est pas… C’est pourquoi cette appellation est quelque peu mal choisie.
Mais regardons d’abord ce que signifie « fongible ».
Que signifie « fongible » ?
« Fongible » qualifie une unité d’une série d’unités qui ne sont pas distinguables les unes des autres, par exemple d’une monnaie. Un billet de 100 francs possède certes un numéro de série différent des autres billets de 100 francs, mais il représente invariablement 100 francs. Ainsi, chaque billet de 100 francs ressemble à tous les autres billets de 100 francs.
Alors, qu’est-ce qui est « non fongible » ?
Un acte de propriété d’un immeuble est limité à un certain immeuble (et sa valeur) et ne peut être généralisé en acte de propriété pour tous les immeubles.
Ce document – ou token (jeton) – représente un objet unique. Cela peut être un objet physique comme un immeuble ou une voiture, mais aussi des objets numériques comme une image ou le droit d’utiliser un objet (droit de bail). De plus, il peut, par exemple, être reconnu par une autorité publique dans une certaine mesure – ou même pas du tout.
Ce token n’est ainsi pas interchangeable ; il est donc non fongible.
Ce GIF de Nyan Cat, qui circule sur internet depuis près de 10 ans et qui fait partie des GIF les plus célèbres, a été vendu aux enchères il y a peu comme NFT pour 600’000 dollars.
Et donc, qu’est-ce que tout ça a à voir avec la blockchain ?
Dans le cas d’un objet de valeur numérique, on peut prouver le droit de propriété grâce à une blockchain. S’il y a par exemple présence d’un jeton non fongible représentant le droit sur une œuvre d’art ou une photo numérique, on est en droit de se demander : est-ce que quelqu’un peut copier, voire diffuser ladite photo ?
Bien sûr que c’est possible. De la même manière qu’il est possible d’acheter un livre, de le copier et de diffuser la copie.
Mais ce qui ne peut pas être copié, c’est le jeton numérique qui prouve la propriété de la photo numérique.
Est-ce qu’il y a d’autres utilisations ?
Les autographes classiques sont un autre exemple : un autographe signé d’un artiste (une signature sur une pochette d’album) ou un livre signé par un auteur. C’est ici en particulier la valeur attribuée à l’objet par le collectionneur qui est déterminante.
Ce sont dans notre exemple des objets de collection (collectables). Ils peuvent aussi être bien plus que cela, comme des objets de collections programmables qui peuvent avoir des propriétés spéciales.
Un exemple :
Le NFT d’un livre numérique provenant de son auteur – qu’on pourrait comparer avec un livre signé – aurait certes un contenu identique à tous les autres livres que l’on peut acheter en librairie, mais pourrait permettre, grâce au jeton numérique, d’accéder à la communauté en ligne de l’auteur. Ainsi, le NFT serait une sorte de ticket d’entrée – indépendamment du fait qu’il s’agisse d’un événement numérique (communauté en ligne) ou d’une session de lecture classique.
Le NFT précurseur : Bored Apes Yacht Club
Les NFTs – comme utilisés actuellement, avant tout par la haute société d’Hollywood, sous une forme similaire au Bored Ape Club – ont bien plus à voir avec l’exhibition de l’exclusivité qu’avec l’impacte durable et socialement ingénieux de la technologie blockchain, comme attendu dans de nombreux domaines. Ils sont les cousins, ou équivalents, numériques des montres de luxe ou des voitures individuelles des stars, comme exhibées dans le monde réel dans leurs vidéos et autres canaux d’autoreprésentation.
Toute nouvelle technologie a sa part d’ombre. Les « Bored Apes » ne représentent cependant pas la part d’ombre, mais plutôt la dérive des nouvelles technologies.
Bored Apes Yacht Club (BAYC) est sans aucun doute précurseur dans le domaine des NFTs, mais pas le premier en matière de NFT. On peut citer ici les Cryptopunks (2017 – appartenant à BAYC depuis mars 2022) et Cryptokitties (2017).
Dans ce contexte, les NFTs sont la technologie de base du métavers.
Les NFTs comme clés numériques
Revenons à notre exemple d’acte de propriété d’un immeuble : on pourrait, en tant que propriétaire du token, utiliser un tel NFT pour transmettre à une autre personne le droit d’utilisation, par exemple le droit d’habiter ledit bien en location. Ainsi ce NFT serait la clé numérique de la porte. Il en irait de même pour les aides à domicile qui pourraient recevoir le droit de pénétrer dans ledit immeuble pendant un laps de temps réduit afin de faire des nettoyages.
Quintessence
En fin de compte, les NFTs sont bien plus que des images de singes, ils constituent la base de la plupart des cas d’utilisation de la blockchain, après les monnaies numériques et les valeurs refuges.
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