Aligner l’architecture opérationnelle et l’architecture technologique #1

La mission principale de l’architecture d’entreprise est de rendre possible la transformation digitale d’une entreprise. Découvrez dans cette série d’articles de Markus Schacher comment coordonner l’architecture opérationnelle et technologique d’une entreprise.

Auteur Markus Schacher
Date 13.01.2022
Temps de lecture 13 Minutes

Cet article fait partie de notre série sur le thème de l’architecture numérique d’entreprise. Les articles de la série publiés jusqu’à maintenant sont les suivants :

La transformation digitale est omniprésente. Mais qu’est-ce que ça signifie exactement ? Dans cet article, je voudrais démontrer de manière systématique et du point de vue de l’architecture d’entreprise comment aborder les possibilités apportées par la numérisation.

TOGAF définit l’architecture comme « une description formelle des composants essentiels d’un système, de leurs relations mutuelles ainsi que des principes et stratégies de modélisation et d’évolution du système ». Dans le contexte de l’architecture d’entreprise, cette définition entend par « système » l’entreprise dans son ensemble. Dans les deux dernières parties de cette série, j’ai démontré :

  • Ce qu’est une architecture opérationnelle, comment celle-ci permet de décrire la création de valeur d’une entreprise et comment elle s’aligne de manière agile aux changements de l’environnement économique.
  • Ce qu’englobe l’architecture technologique et comment celle-ci soutient de manière optimale l’architecture opérationnelle.

Ce qui est primordial dans la relation entre ces deux architectures, c’est que l’architecture technologique soutienne l’architecture opérationnelle de la manière la plus optimale possible. Pour cela, il est essentiel que les besoins de l’architecture opérationnelle soient connus et fixent les exigences vis-à-vis de l’architecture technologique. À l’inverse, l’architecture technologique crée en permanence de nouvelles possibilités qui permettent d’ouvrir l’architecture opérationnelle à de nouvelles dimensions. L’action conjuguée des deux architectures est ce qu’on appelle l’alignement opérationnel/technologie.

Model Driven Enterprise EngineeringTM

Le framework Model Driven Enterprise EngineeringTM (MDEE), introduit dans les parties précédentes de cette série, permet d’illustrer clairement où se situe cet alignement opérationnel/technologie : à l’intersection entre l’architecture opérationnelle et l’architecture technologique.

Image : KnowGravity

Ici, l’alignement opérationnel/technologie a lieu dans deux directions :

  • De haut en bas : les objectifs et les réflexions engendrent des chaînes de production de valeur et des processus opérationnels que les technologies permettent d’automatiser et d’assouplir autant que possible.
  • De bas en haut : les technologies déjà disponibles ou nouvelles permettent de reporter les responsabilités au sein des chaînes de valeur et des processus opérationnels de telle sorte qu’il est possible d’aspirer à de tout nouveaux objectifs opérationnels grâce aux nouvelles capacités (Capabilities) engendrées.

La transformation digitale

La numérisation systématique d’une entreprise peut être décortiquée en cinq étapes consécutives, que j’ai introduites dans le premier article de cette série :

  1. La digitalisation des informations
  2. La digitalisation des tâches
  3. La digitalisation des objets
  4. La digitalisation de la collaboration
  5. La transformation des opérations

La dernière étape – le développement de modèles opérationnels fondamentalement nouveaux – est aussi ce qu’on appelle concrètement la transformation digitale. Je voudrais ici aborder plus en détail ces cinq étapes et les illustrer en me basant sur l’exemple fictif d’une entreprise de location de véhicules du nom de EU-Rent.

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Passez au niveau supérieur dans le monde de l’architecture d’entreprise avec TOGAF® : nos formations vous accompagnent dans vos démarches d’apprentissage et de certification.

  • TOGAF® Training Program – Part 1 (Foundation) : ce cours vous permet de passer l’examen “TOGAF® Level 1”.
  • TOGAF® Training Program – Part 2 (Certified) :  ce cours vous permet de passer l’examen “TOGAF® Level 2”.
  • TOGAF® Training Program – Combined (Foundation & Certified) : cette formation regroupe les deux cours TOGAF® Part 1 & Part 2

 

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1. La digitalisation des informations

Dans le monde réel, les informations existent en principe sous forme analogique. Afin que celles-ci soient traitables par des systèmes informatiques, elles doivent dans un premier temps être traduites en une forme numérique. Une fois l’information sous forme numérique, il est possible et très facile de la reproduire, de l’envoyer, de la transformer ou de l’utiliser pour la prise de décision.

Les catégories principales d’informations sous forme analogique qui présentent, selon leurs utilisations spécifiques, un potentiel de numérisation considérable sont :

  • Les dimensions physiques mesurables comme les proportions, les coordonnées, les températures, les forces, etc.
  • Les informations sonores/auditives comme les dialogues, la musique, etc.
  • Les informations visuelles comme des images statiques (photos) ou dynamiques (vidéos).
  • Le savoir contenu (uniquement) dans la tête des êtres humains.

À l’inverse, il est souvent nécessaire de traduire des informations numériques, préalablement traitées, en un signal analogique afin qu’elles puissent déployer leurs effets dans le monde physique. Cela peut être indispensable par exemple pour :

  • Influencer le monde physique avec des signaux numériques p. ex. par des forces mécaniques, de l’énergie, des températures ou de la lumière.
  • Créer des artéfacts physiques en deux ou trois dimensions à partir d’informations numériques.
  • Reproduire des signaux audios ou vidéos selon les besoins en différentes vitesses.
  • Communiquer aux êtres humains des informations par le son, la langue, l’écriture ou l’image.

Les technologies

Les technologies permettant l’utilisation numérique de l’information se divisent en deux catégories principales :

D’une part les technologies de transformation d’informations analogiques en une forme numérique (convertisseur A => N) :

  • Les capteurs pour les valeurs mesurables comme la pression, l’accélération, la température, l’intensité lumineuse, etc. avec conversion numérique postérieure.
  • Les microphones à conversion numérique ainsi que les reconnaissances vocales et les détections de bruits.
  • Les caméras et appareils photo numériques avec reconnaissance des caractères et des objets.
  • Les scanners 2D et 3D allant jusqu’aux radars et lidars avec reconnaissance des caractères et des objets.
  • Les appareils de saisie de données comme les claviers, les écrans tactiles, les numériseurs, etc. utilisés dans l’enregistrement du savoir.

D’autre part les technologies de conversion d’informations numériques en une forme analogique (convertisseur N => A) :

  • Les actionneurs qui permettent de créer ou d’influencer des forces, des mouvements, du son, des rayonnements, etc. comme des moteurs, des haut-parleurs, des sources lumineuses, etc.
  • Les imprimantes 2D ou 3D qui permettent de créer des artéfacts physiques.
  • Les écrans et projecteurs 2D ou 3D qui permettent la reproduction d’images animées.

Si des informations analogiques de l’environnement d’un système sont numérisées en même temps par différents canaux « dans le système », alors il est primordial que ces informations numériques génèrent une image cohérente. Cela signifie pour une entreprise que ses clients ou ses fournisseurs, mais aussi son propre personnel, reçoivent la même information (prix, états des commandes, etc.), peu importe le canal utilisé (portable, web, B2B, etc.). Dans le cas d’un système technique, comme un véhicule autonome, cela signifie que tous les appareils, comme les caméras, les capteurs ultra-son, les radars et lidars éventuels, mais aussi les capteurs de vitesse et d’accélération, génèrent une vue d’ensemble spatiale et temporelle cohérente de son environnement (c’est ce qu’on appelle la « sensor fusion » en technique). L’assurance de cette cohérence est une tâche centrale de l’architecture d’entreprise et de l’architecture système.

Exemple d’EU-Rent

Les cartes routières européennes sous forme papier ont été numérisées depuis de nombreuses années déjà et sont aujourd’hui confortablement accessibles à tout automobiliste et en tout temps grâce au système de navigation.

EU-Rent rassemble un jeu complet d’informations sous la dénomination marketing de « Drive as mine » : ici, différents paramètres de confort (position du siège, position du volant, réglage de la climatisation, connexion mobile, compte Spotify embarqué, etc.) ainsi que les paramètres physiques du comportement routier (accélération, suspension, conduite, etc.) sont enregistrés dans un profil de conducteur spécifique à chaque client. Ces profils de conducteur sont sauvegardés numériquement avec les données client et sont réactivés automatiquement dans chaque véhicule loué par un client régulier, c’est-à-dire que ces informations sont à nouveau transformées en paramètres analogiques.

EU-Rent a également introduit une technologie – aujourd’hui de plus en plus utilisée – pour améliorer le processus de vente : la signature électronique. Ainsi, les contrats de location et d’assurance ne doivent plus obligatoirement être imprimés et signés manuellement, mais peuvent, grâce au certificat numérique personnel authentifié, être directement validés numériquement de manière valable.

Finalement, plusieurs autres projets de numérisations sont en cours chez EU-Rent : l’utilisation de permis de conduire numériques, l’enregistrement numérique de dégâts à l’aide de caméras pilotées par des robots lors de la restitution du véhicule ou le géorepérage (gardiennage virtuel ou geofencing) de véhicules grâce aux coordonnées GPS.

 

Dans la prochaine partie de cet article, nous discuterons de l’architecture opérationnelle dans le cadre de la numérisation des tâches.

Tout sur l’architecture informatique d’entreprise

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  • Digital Enterprise Architecture («DIGIEA»)

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A propos de l'auteur

Markus Schacher

Markus Schacher est co-fondateur et KnowBody de KnowGravity Inc., une entreprise de consulting dont le siège se trouve à Zurich (Suisse), spécialisée dans l’ingénierie basée sur les modèles. En tant que formateur depuis 1997, Markus a donné les premiers cours publics UML de Suisse et en tant que consultant, il assiste de nombreux gros projets dans l’introduction de techniques basées sur les modèles et leur utilisation pratique. Depuis 2005, il vient en aide d’entreprises dans le domaine de l’architecture d’entreprise globale ainsi que de l’harmonisation informatique/business. En coopération avec Digicomp et l’HWZ, il forme des architectes en formation CAS « IT Architecture ».