L’homme comme facteur de succès – Amener du sens dans le monde digital

Transformation digitale, technologies de rupture, Industrie 4.0, changement et agilité sont les maîtres-mots autour desquels évolue le monde actuel des affaires. Avec l’évolution rapide des technologies, la “ressource” qu’est l’homme doit aussi changer. Si de nombreuses choses autour de nous sont simplifiées, modifiées et digitalisées, mais que les problèmes du monde du travail restent les mêmes sans même s’amoindrir, il peut être utile d’y regarder de plus près.

Cet article a été publié à l’origine par Stefan Dudas sur Linkedin.

Regardons honnêtement notre vie professionnelle : nous sommes devenus plus productifs, plus accessibles et plus rapides. Mais sommes-nous plus heureux, ou du moins plus satisfaits ? Clairement : non. C’est ce que montrent des études annuelles comme celles de Gallup. Vous pouvez aussi regarder le visage des gens dans le bus ou dans le train le lundi matin. Inutile de réaliser une étude supplémentaire sur la motivation des employés. Sans oublier que le burnout, la dépression et le stress négatif continuent de progresser dans notre monde moderne du travail. Les japonais ont même trouvé un mot pour la mort par surmenage – “Karoshi”. Pouvons-nous encore être sauvés ? Plus nous progressons, essentiellement sur le plan technique, plus nous semblons oublier l’essentiel : l‘Homme. Ou avons-nous simplement perdu de vue nos objectifs ? Quel est le but du monde du travail ? L’objectif est-il de rendre la période au cours de laquelle nous travaillons la plus passionnante et la plus créative possible afin qu’elle donne un sens à notre vie ou s’agit-il au contraire uniquement de vente, de croissance et de rendement ? Le hic de l’affaire, c’est que les hommes, lorsqu’ils voient un sens à leur travail dans l’entreprise, se sentent plus motivés et engagés, ce qui se reflète naturellement aussi sur le chiffre d’affaires, la croissance et le retour sur investissement. Mais cela semble trop beau pour être vrai. Alors nous continuons comme avant. Nous ajoutons peut-être quelques gadgets techniques branchés, mais dans l’ensemble, nous faisons comme avant.

Comme si ce n’était pas déjà assez tragique, nous ignorons souvent les secteurs de leadership de l’entreprise qui n’ont jamais vraiment fonctionné. Nous continuons à faire comme nous l’avons appris – il y a des années, pendant nos cours de management onéreux – et nous soulageons notre conscience en nous disant que “tout le monde” fait pareil. Nous nous sommes enfermés dans la pensée d’un management cool et nous ne voulons même pas nous demander comment cela pourrait être autrement. “Autrement ? Mais comment ? Ce n’est pas si simple. Nous ne l’avons encore jamais fait.”

Tout le monde est-il de cet avis ? Naturellement non. De plus en plus de personnes s’inquiètent de l’avenir, de la vie et du travail. La vie et le travail sont intrinsèquement liés. Et pour les deux, le monde digital apporte beaucoup de changement.

Pourquoi tout change

Si l’on regarde notre vie professionnelle, on pourrait croire que “seule” la technique évolue du fait de l’automatisation et de la digitalisation et que, le seul défi consiste à faire face à ces changements permanents. Mais c’est une erreur fatale.

Aujourd’hui, le principal défi n’est pas de maîtriser les modifications constantes de la technologie, mais de rester concentré sur soi-même malgré cette évolution rapide.

Cela peut sembler banal au premier abord, mais c’est une tâche très exigeante car, lorsque ce n’est plus le cas, on se retrouve facilement dans une situation de burnout, ou encore on se “réveille” des années plus tard pour constater que ce que l’on a atteint jusque-là n’est pas satisfaisant.

Mais pour quelle raison les entreprises se préoccupent-elles de plus en plus de la vie (professionnelle) ? Pour deux raisons simples : premièrement, une personne qui aime, ou du moins apprécie, son travail, fournira un travail bien meilleur et s’investira plus. Et deuxièmement, l’ambiance se répand dans l’entreprise. Autrefois, on discutait en table ronde de la situation difficile, des clients ou de la mauvaise gestion du patron. Aujourd’hui, la propagande du “bouche à oreille” prend une nouvelle dimension : les portails de critiques tels que “kununu.com” deviennent de plus en plus populaires, et même un seul commentaire négatif sur Google Search coûte de précieuses commandes à l’entreprise. Tout devient nettement plus transparent – grâce à la digitalisation.
Cela ne sert plus à rien de parler de durabilité, d’utilisation parfaite des ressources, des employés et des clients dans une brochure en papier glacé. Il faut simplement le faire. Chaque jour. Sinon, le mensonge se retrouve sur la toile. De plus en plus d’entrepreneurs s’en aperçoivent et repensent leur manière de diriger.

Il ne s’agit alors pas de la technique. Il s’agit des hommes.

Je pense que tous ceux qui sont déjà dans la vie active depuis quelques années l’ont reconnu : nous pouvons introduire la gestion des processus, implémenter de nouvelles formes d’organisation de projet telles que SCRUM ou même simplement changer l’espace de travail en passant des bureaux individuels à l’open space. Si les gens n’en comprennent pas le sens et ne savent pas pourquoi ils devraient changer, alors le projet ira très probablement droit dans le mur. L’important, c’est l’Homme. Il faut comprendre comment nous, les Hommes, nous réagissons, ce que nous voulons et ce qui est vraiment important pour nous. En soi, c’est une tâche difficile. Mais cela va encore plus loin : il ne s’agit pas seulement de comprendre, mais aussi d’analyser et de se demander pourquoi certaines choses sont importantes pour nous aujourd’hui. Il faut changer les modes de pensée qui nous accompagnent depuis longtemps.

Un exemple :

nous nous définissons aujourd’hui la plupart du temps par notre profession et le poste que nous occupons. Si nous voulons savoir qui est quelqu’un, nous apprenons généralement d’abord quel est son métier, le poste qu’il occupe et le nombre de personnes qu’il dirige. Cela signifie que nous nous définissons sur la base de notre travail, et que notre propre estime repose sur celui-ci. Une étude Gallup indiquant que 70% des gens ne sont pas enthousiasmés par leur travail et font le “strict minimum” montre la valeur que nous nous accordons réellement. Car quelle personne qui aurait une haute estime de soi ferait tous les jours, pendant huit à douze heures, quelque chose qui ne lui plaît pas vraiment ou ne le satisfait pas ? Finalement, on “gaspille” 5/7 de notre vie (du lundi au vendredi). Cela n’a pas de prix.

Alors maintenant comment se motiver

Pendant des décennies, nous avons essayé de “motiver” les employés. Nous les avons envoyés à des stages de motivation où ils ont marché sur des braises en criant haut et fort “Formidable – tout est possible”. Généralement (ou presque toujours) sans succès durable.

La réponse semble simple : en satisfaisant les besoins fondamentaux de l’Homme. L’argent est un facteur – mais (on se demande bien pourquoi), ce n’est pas le plus important : les hommes veulent que ce qu’ils font tous les jours ait un sens. Ils veulent être “utiles” et valorisés.

La digitalisation aggrave encore cette situation. Là où nous étions créatifs et autodéterminés, les algorithmes et les processus prennent désormais le dessus.

Il faut du temps pour tout repenser ? Certes. Mais cela ne suffit pas de vouloir être aussi “cool que Google” et d’installer une table de ping-pong ou un toboggan dans l’entreprise. Il faut de profonds changements de comportement, sur la façon dont nous appréhendons le travail, les Hommes et nous-mêmes. Grâce à la technique. Changeons pour devenir des hommes agiles dans un nouveau travail – ou mieux encore dans une nouvelle vie.

Stefan Dudas est un expert du monde des affaires. Ce conférencier, coach et auteur pose avec humour et profondeur les fondements de nouvelles approches de réflexion.

Son dernier livre “PLEIN SENS – Il n’y a que ce qui a du sens qui puisse nous combler” («VOLL SINN – Nur was Sinn macht, kann uns erfüllen») est paru en décembre 2017. Pour plus d‘informations, visitez : www.stefandudas.com.